La der des der pour Karine Ruby
Le 17/02/2006
Tout peut arriver dans une épreuve de snowboard-cross. La chance y joue une grande part. Mais pas seulement elle. Prêtes pour la bagarre, les quatre Françaises engagées vendredi dans le redoutable parcours tracé au dessus de la ville de Bardonecchia ont connu des fortunes diverses, se sont battues, mais au bout du compte, n'ont pas obtenu la ou les médailles tant espérées
![]() |
Des qualifications sous la neige
Il neige le matin sur Bardonecchia. Les Françaises ont la malchance de tirer les plus petits dossard pour leurs 'runs' qualificatifs en première manche, seules dans le parcours, et sur une piste... non damée, où la neige s'accumule. «J'ai ouvert la piste pour les autres» note Karine qui se retrouve en position de non-qualifiée, à 13 secondes du meilleur temps. Julie Pomagalski est également en mauvaise posture, 18e. Plus chanceuses, Marie Laissus et Deborah Anthonioz sont parmi les qualifiées provisoires.
Sur cette neige collante, Karine Ruby parvient à assurer sa place en quarts de finale à l'issue de son 2e run. 11e temps au total. Julie Pomagalski, pour sa part, tente tout ce qu'elle peut, mais elle tombe et c'en est terminé pour elle.
![]() |
Karine fait le maximum
Karine Ruby est dans le 3e quart de finale. Elle prend un départ moyen, navigue autour de la 3e place, mais se bat, tente tout, intérieur, extérieur. «Je n'ai aucun regret, j'ai tout essayé, tout donné, tenté de doubler partout et voilà». Voilà. Karine est à la lutte avec l'Américaine Lindsey Jacobellis pour la 2e place, elle tente d'abord une attaque intérieure, les deux concurrentes se touchent, puis arrive une bosse sur laquelle la championne française s'envole si haut qu'à la réception, en direction dans un virage relevé, elle chute.
![]() |
Une ultime descente, où Karine se bat encore, jette ses dernières forces, se décale trop extérieur en haut d'un virage, touche les filets et tombe à nouveau. Elle se classera 16e et dernière des finalistes.
«Je suis très triste pour elle» dit encore Deborah Anthonioz. «C'est une copine, un formidable exemple, une championne si forte mentalement. J'aurais aimé en dire autant !»
"Maintenant, c'est terminé"
«Peut-être que courir seule dans un parcours m'a plus réussi dans ma carrière, et encore, j'ai aussi eu de la réussite en boardercross. Maintenant, c'est terminé, j'arrête. C'était ma dernière compétition. J'ai plusieurs projets, à commencer par un voyage au Népal. Je pars ce samedi» révèle Karine, très émue.
«Je tourne la page le plus vite possible. Je vais faire du freeride, des expéditions. Ca fait bizarre. C'est fini». Karine ne peut retenir ses larmes. Une carrière exceptionnelle (débuts en compétition à 16 ans, championne olympique du géant à 20 ans, vice-championne olympique du géant parrallèle à 24 ans, 15 Coupes du Monde remportées à partir de 1995, 123 podiums, 63 victoires dans quatre spécialités, 6 fois championne du monde) s'est achevée jeudi 17 février à Bardonecchia.
![]() |
Marie Laissus ne croit pas si bien dire. Alors qu'elle prononce ces mots, l'Américaine Lindsey Jacobellis est en train d'achever sa dévalée vers l'or, largement en tête de la finale. Tellement en tête que sur le dernier «tremplin», elle s'autorise une figure. Un «grab» (attraper sa planche en l'air). Bien mal lui en prend. La voilà par terre. La Suissesse Tanja Frieden n'a plus qu'à la passer pour devenir championne olympique. Tout peut arriver en snowboard-cross.