[an error occurred while processing this directive] L'Equipe de France olympique aux JO de Turin - L'actualité Mes Jeux Olympiques, par Bruno Mingeon
Bruno Mingeon Raphaël Poirée Carole Montillet Brian Joubert Doriane Vidal Vincent Vittoz
Le guide de l'athtète
Le guide anti-dopage

Le site du CNOSF
L'actualité >

Mes Jeux Olympiques, par Bruno Mingeon

Le 23/01/2006

Bruno Mingeon vivra, le 10 février à Turin, sa cinquième cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, avec cette fois, le drapeau tricolore en mains. De ses débuts, à domicile, sur la piste de La Plagne en 1992, à sa belle aventure humaine des Jeux de Salt Lake City en 2002, en passant par la médaille de bonze en bob à quatre à Nagano 1998 avec une fameuse équipe devenue championne du monde l'année suivante, le pilote âgé de 38 ans nous raconte ses Jeux

Albertville 1992
"Ce fut le premier objectif de ma carrière. Je dirais même que j'ai décidé de faire du haut niveau en bob à cause de ces Jeux, chez moi. J'habite à 15mn de la piste de La Plagne. J'ai ressenti une émotion énorme lors de la très belle cérémonie d'ouverture, ce spectacle de Philippe Découflé encore dans toutes les mémoires. Je regrette simplement que ces Jeux étaient trop «éclatés ». Nous étions par exemple logés au Club Med de La Plagne, où il n'y avait que les athlètes du bob. Sur ce point, cela ressemblait trop pour moi à une épreuve classique de Coupe du Monde. Il me manquait la magie du Village Olympique ! Sportivement, j'ai ressenti beaucoup de pression. Nous nous sommes classés 18e, et avec le recul, je sais que nous ne pouvions pas faire beaucoup mieux. L'équipe était très jeune, elle avait une énorme envie, et nous sommes repartis frustrés.
La piste de La Plagne, c'est «ma» piste. C'est là où je viens me ressourcer, où je retrouve mes sensations, où je peux venir m'entraîner sur un simple coup de fil. On me trouvera toujours un créneau..."


Lillehammer 1994.
"Froids! C'est mon premier souvenir. La cérémonie d'ouverture par -30° et tout le monde qui repart en courant tellement on se gelait ! Là, enfin, nous découvrons le village. Nous côtoyons des athlètes de renom, de tous les sports d'hiver, nous nous sentons en famille. Nous pouvons échanger, partager. Ce grand réfectoire, ça m'a marqué! Notre équipe fut constituée spécialement pour les Jeux, juste avant, à l'issue des championnats d'Europe. Nous nous situions dans le 2e groupe, difficile de faire un résultat dans ces conditions. Nous avons terminé 16e. Mais ce qu'il y a de positif, c'est la façon dont j'ai vécu la course. Le début de quelque chose. J'ai ressenti un bon feeling et termes de pilotage, j'ai compris que j'étais dans le coup. Lillehammer, ce sont également les débuts de Nano Pourtier en tant que manager du bob français. La dynamique est lancée."


Nagano 1998.
"Tout est en place. Ivo Ferriani a rejoint l'encadrement, il m'apportera beaucoup. En ma compagnie, l'équipe est formée de Max Robert, Manu Hostache, Eric Le Chanony. Nous sommes forts physiquement, mentalement, tout est au top. Le potentiel est énorme. Lors de la cérémonie d'ouverture, nous croisons dans les entrailles du stade olympique les sumotori qui feront partie du spectacle. Imposants!
Nous sommes arrivés au Japon sur une saison moyenne en termes de résultats, mais nous savons que ça peut jouer. Nous faisons un bon bob à deux avec Manu Hostache. Le premier jour, en bob à 4 nous sommes 8e à l'issue de la 1ère manche. La 2e manche est annulée pour cause de pluie. Le soir, je rejoins Ivo Ferriani, et lors d'une séance vidéo, il me reprend sur la totalité des virages ! «Tu dois faire ça, et ça, et ça».
Le lendemain, je repars remonté comme jamais, nous terminons 3e de la troisième manche et nous gagnons la 4ème ! Puis c'est l'attente, que les autres concurrents en finissent. Et la médaille de bronze est au bout. Le soir, tout est nouveau, nous passons de la nuit au plein jour. Les médias se bousculent. Nous avons à peine le temps d'arroser ça, et pas plus de partager notre bonheur puisque les Jeux s'achèvent le lendemain ! Je me souviens toutefois à quel point nous étions sur un nuage, et comment nous avons ressenti ce que pouvait être la déception des athlètes que nous avons croisés et qui avaient raté leur compétition."


Parenthèse mondiale : Cortina d'Ampezzo 1999
"Avec Nano, Ivo, Max, Manu, Eric, nous restons sur la bonne dynamique. En quittant Nagano, Ivo Ferriani nous avait dit «Vous serez champions du monde !». En 1998-1999, nous réalisons une excellente saison, avec notamment un podium en Coupe du Monde à Calgary sans entraînement, et à Cortina d'Ampezzo, nous devenons champions du monde du bob à quatre avec énormément d'avance. Je remporte aussi le bronze en bob à 2 avec Manu. Nous sommes arrivés au sommet de nos relations. Une équipe de gagneurs. Une énorme aventure humaine. Puis Nano Pourtier nous quitte, il rejoint le hockey, Ivo Ferriani part au Canada, c'est la cassure. La fin de cette équipe."


Salt Lake 2002
"Manu Hostache était malade. Il souffrait d'un cancer depuis 2000. Il venait d'achever une chimiothérapie.
J'ai demandé à l'encadrement de l'emmener aux Jeux. Avant de partir, nous disputons une Coupe du Monde à La Plagne. Et nous gagnons le droit de faire les Jeux ensemble. Une belle aventure. Notre place en bob à deux à Salt Lake, 13e, cela n'a aucune importance, et tout le monde l'a bien compris. L'important, c'était de le faire avec lui. A quatre, nous nous classons 5e, ce qui n'est pas si mal par rapport à nos résultats cette saison là. Ce qui compte pour moi, en me remémorant ces Jeux, c'est plutôt la réussite humaine".


Turin 2006
"Mes cinquièmes Jeux ? Je ne me rends pas bien compte. Ca va être fort de pénétrer dans le stade olympique drapeau en mains ! Cela dit, je traverse actuellement une période difficile sur le plan des résultats sportifs, et je ne peux pas concevoir d'être le porte-drapeau de l'équipe de France et de ne pas être à la hauteur. Je veux absolument décrocher une belle place en ayant l'impression d'avoir fait le maximum, d'avoir tout optimisé. Je veux que nous obtenions notre meilleur classement de la saison sur la piste de Cesana Pariol. La période actuelle est difficile mentalement. En bob, il n'y a pas de décalage entre la tête et les mains. Si on n'y est pas à 100%, Le timing n'est pas bon, les lignes ne sont pas parfaites, le feeling s'en ressent, la confiance s'envole et les centièmes défilent. C'est une grande frustration. Nous n'avons pas une seule fois été bons sur deux manches cette saison. Notre meilleur classement, c'est 11e. C'est sûr que physiquement, les Top 6 du bob mondial est inaccessible pour nous, mais je ne compte pas être mauvais aux Jeux ! Je veux que nous nous éclations, que nous sortions satisfaits des courses et que nous n'ayons aucun regret. Je veux pouvoir remercier tous les gens qui m'ont fait confiance, et montrer que ma désignation comme porte drapeau, c'était un bon choix".