Philippe Cavoret, la passion du skeleton
Le 02/12/2005
A bientôt 38 ans, Philippe Cavoret reste le meilleur (et le seul pour le moment) français prêt à disputer les Jeux de Turin sur la piste de Cesana Pariol dans ce drôle de sport qui consiste à dévaler la piste à plat ventre sur un frêle engin, menton au ras de la glace. Installé depuis plusieurs années dans le Top 10 mondial, il compte bien ramener une médaille du Piémont. Entretien.
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Un chariot à roulettes sur une piste en tartan
Pour que son rêve olympique devienne réalité, Philippe Cavoret a voulu mettre tous les atouts de son côté cette année. «J'ai fait l'impasse sur la vie professionnelle. Je me suis consacré entièrement à mon sport cet été. J'ai beaucoup travaillé sur la poussée, ce qui a impliqué un renforcement physique, de la musculation. Je me suis bricolé un petit chariot à roulettes que j'ai utilisé sur une piste en tartan, guidé par les bordures du stade. Et j'ai poussé, poussé, ce qui n'a pas été sans conséquences ». Des problèmes de dos sont apparus. «Ma colonne s'est un peu désaxée au niveau des pressions sur les vertèbres, c'était douloureux le début de saison a été pénible. Mais j'ai trouvé un bon ostéopathe qui m'a «réparé». Tout va bien maintenant».
Le présent, ce sont des tests internationaux sur la piste olympique de Cesana Pariol qui viennent de s'achever. «La piste est prête. Autour, c'est un énorme chantier. Ces tests se sont déroulés dans le bruit des tractopelles, mais à part ça, dans d'excellentes conditions, par grand beau temps. Ca s'est assez bien passé pour moi. La piste est difficile, sélective, le pilotage sera plus important que la poussée ou la qualité du matériel. Il y a beaucoup de courbes stratégiques où on peut faire de grosses erreurs. Au niveau chronométrique, je me suis situé parmi les meilleurs, ça met en confiance, il y aura la possibilité de faire quelque chose de bien»
Avec les "bobeurs"
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Quand Philippe Cavoret dit «nous», il pense à son jeune coéquipier Grégory Saint-Géniès, qui tente de son coté de décrocher sa qualification pour les Jeux de Turin. «Je l'aide autant que je peux. Je lui explique mes lignes, nous partageons les analyses vidéo, nous voyageons ensemble ». En voiture, direction l'Autriche, à Igls, puis Segulda en Lettonie pour les prochaines épreuves de Coupe du Monde.
Philippe Cavoret bricole lui-même ses engins «sauf les patins, que l'on doit acheter » et fait comme il peut. «Bien sûr, la fédération nous aide, mais je ne peux pas vivre de mon sport. Je ne suis pas professionnel. Je me débrouille à droite à gauche pour subvenir à mes besoins. Evidemment, face à des sportifs d'autres nations qui n'ont qu'à s'entraîner et se reposer, je ne suis pas dans le même état d'esprit». Un esprit pas forcément libre lors des compétitions.
Heureusement, un mot revient sans cesse. «La passion. Elle me pousse à faire le maximum». Et Philippe Cavoret y croit. «Le début de saison n'a pas été terrible. Je me suis classé 12e à Calgary, je n'étais pas satisfait, puis 25e à Lake Placid dans des conditions épouvantables, tempête de neige, report, c'était un peu n'importe quoi». Mais l'important n'est pas là. «L'objectif, c'est d'être prêt» le 16 février 2006, sur le coup de 17h30, à l'heure de disputer la finale olympique. Rêves de podium ? «Bien sûr. On verra bien» dit celui qui sera, avec Bruno Mingeon, le doyen de l'équipe de France Olympique à Turin.